Face à Gaïa (La Découverte, octobre 2015)
La Découverte sort le 6 octobre 'Face à Gaia 8 conférences sur le Nouveau Régime Climatique', récriture des Gifford. pic.twitter.com/0Fjkbwh0Lm
— AIME (@AIMEproject) 12 Septembre 2015
Caspar Friedrich's Great Enclosure used for the cover represents an amazing view of the embedded earthly globe inside a meander of the Elbe.
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The French book Face à Gaia will be retranslated in English & published with Polity & it replaces the earlier text of the Gifford lectures.
— AIME (@AIMEproject) 12 Septembre 2015
In the AIME project the figure of Gaïa was present but in the distance, here in Facing Gaïa effort is made to specify this enigmatic "face"
— AIME (@AIMEproject) 12 Septembre 2015
Description
James Lovelock n’a vraiment pas eu de chance avec l’hypothèse Gaïa. En nommant par ce vieux mythe grec le système fragile et complexe par laquelle les phénomènes vivants modifient la Terre, on a cru qu’il parlait d’un organisme unique, d’un thermostat géant, voire d’une Providence divine. Rien n’était plus éloigné de sa tentative. Gaïa n’est pas le Globe, n’est pas la Terre-Mère, n’est pas une déesse païenne, mais elle n’est pas non plus la Nature, telle qu’on l’imagine depuis le 17ème siècle, cette Nature qui sert de pendant à la subjectivité humaine et de tas de sable pour l’ingénuité des hommes. La Nature constituait l’arrière-plan de nos actions. Elle obéissait à des lois mais ne se mêlait pas de nos histoires.
Or, à cause des effets imprévus de l’histoire humaine, ce que nous regroupions sous le nom de Nature quitte l’arrière-plan et monte sur scène. L’air, les océans, les glaciers, le climat, les sols, tout ce que nous avons rendu instable, interagit avec nous. Nous sommes entrés dans la géohistoire. C’est l’époque de l’Anthropocène. Avec le risque d’une guerre de tous contre tous.
L’ancienne Nature disparaît et laisse la place à un être dont il est difficile de prévoir les manifestations. Cet être, loin d’être stable et rassurant, semble constitué d’un ensemble de boucles de rétroactions en perpétuel bouleversement. Gaïa est le nom qui lui convient le mieux.
En explorant les mille figures de Gaïa, on peut déplier rétrospectivement tout ce que la notion de Nature avait confondu : une éthique, une politique, une étrange conception des sciences et, surtout, une économie et même une théologie. Finalement la Nature était très peu terrestre et surtout très peu matérielle. Gaïa, c’est le nom du retour sur Terre de tout ce que nous avions un peu rapidement envoyé off shore.
Alors que les Modernes regardaient en l’air, les Terrestres regardent en bas. Les Modernes formaient un peuple sans territoire, les Terrestres recherchent sur quel sol poser leurs pieds. Ils reviennent sur une Terre dont ils acceptent enfin d’explorer les limites ; ils se définissent politiquement comme ceux qui se préparent à regarder Gaïa de face.
Ci-dessous, la lecture de plusieurs passages du livre par Bruno Latour :
Entretien avec le philosophe Bruno Latour autour de son dernier livre Face à Gaïa (Champ des possibles, Médiapart)
Intervention dans le séminaire de Christophe Bonneuil et Jean-Baptiste Fressoz à l'EHESS, 28 Octobre 2015:
Voir également :
Liens externes
« Face à Gaïa - Bruno LATOUR - Éditions La Découverte ». URL : http://www.editionsladecouverte.fr/catalogue/index-FaceaGaia-9782359251272.html.
Halpern Catherine, « Terre cuite », Libération.fr, 2 octobre 2015. URL : http://next.liberation.fr/livres/2015/10/02/terre-cuite_1395972. Consulté le 5 octobre 2015.