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"L’œuvre de Bruno Latour : une pensée politique exégétique"

05 February 2015
catégorisé sous: ressources

Voici une interview datant de 2012 qui peut vous être utile :

Laurent Godmer and David Smajda. "L'œuvre de Bruno Latour : une pensée politique exégétique." Raisons politiques 47.2/3 (2012): 115-48.

Penser la trajectoire intellectuelle et scientifique de Bruno Latour, c’est indubitablement se faire l’exégète d’un exégète. En effet, l’entreprise d’exégèse généralisée des sciences à laquelle il s’est livré dans son œuvre anthropologique trouve son point de départ dans l’exégèse stricto sensu. Né en 1947 à Beaune, Bruno Latour est philosophe de formation. Formé à l’université de Dijon, où il se passionne pour l’exégèse biblique, il est reçu major du concours d’agrégation de philosophie en 1972 puis il devient « ethnologue » lors de son séjour à l’ORSTOM entre 1973 et 1975 à Abidjan. Il soutient une thèse de troisième cycle (Exégèse et Ontologie), à l’université de Tours en 1975, puis une HDR à l’EHESS en 1987. Après le CNAM (1977-1982), il enseigne à l’École des mines de Paris (1982-2006), puis à Sciences Po (Paris).

Une enquête ethnographique en Californie (La Vie de Laboratoire, avec Steve Woolgar, 1979) lui permet de proposer une « anthropologie des sciences » visant à une exégèse du discours scientifique. Plusieurs ouvrages sont consacrés à cette question, qui contribuent à formuler la « sociologie de l’acteur-réseau », ce qui lui permet de penser la place des non-humains au sein d’une sémiologie de l’activité scientifique mais aussi plus généralement dans le cadre d’une sémiologie sociale. La critique de la science, ou plus exactement la critique de la domination de la centralité de la parole scientifique, est au cœur des travaux de Bruno Latour. Cette pensée critique est articulée dans plusieurs ouvrages : Les Microbes : guerre et paix (1984), La Science en action (1987), Nous n’avons jamais été modernes (1991), Aramis ou l’amour des techniques (1992), La clef de Berlin et autres leçons d’un amateur de sciences (1993), L’espoir de pandore. Pour une version réaliste de l’activité scientifique (1999). Une synthèse de ces travaux fut publiée sous le titre Changer de société. Refaire de la sociologie (2005).

Cette attention portée aux non-humains explique l’écriture de textes davantage « politiques » marqués par l’exigence de penser l’écologie politique (Politiques de la nature, 1999) et les institutions (La fabrique du droit. Une ethnographie du Conseil d’État, 2002). La politique est abordée d’abord comme un type de régime d’énonciation, comme peut l’être la parole religieuse (Jubiler ou les difficultés de l’énonciation religieuse, 2002). La démarche de Bruno Latour fut « mise à l’épreuve » lors d’un débat avec Pierre Favre dans la Revue française de science politique en 2008. Enfin, le livre qu’il publie en 2012, Enquête sur les modes d’existence reprend cette trajectoire consistant à penser la pluralité des régimes de vérité et atteste le caractère exégétique de sa pensée.

Lire l'interview complète à ce lien.

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